vendredi 30 janvier 2009

98 - Les songes d'un gueux

Vidéo : "Au volant d'un songe"

Je suis l'amant solitaire, l'étoile errante, le pauvre hère de l'amour. Je n'ai pas de maison, pas d'or, pas de feu, pas de chance, pas de joie. Les bois, les champs, les rivières et les saisons sont mes asiles. Et la nuit le ciel est ma seule couverture, tiède en été, glaciale en hiver. Avec les constellations pour unique oreiller. Lorsque je dors je suis heureux. J'accède à un autre univers : les songes.

C'est en ces lieux oniriques que chaque nuit je deviens prince, oubliant mes oripeaux de vagabond : dans mes rêves un être, toujours le même, vient me rendre visite. Chaque nuit une créature mystérieuse, fine comme la libellule, gracieuse comme l'araignée d'eau, aérienne comme le vent me tient compagnie. Est-ce donc un elfe, une fée, quelque nymphe ou sylphide surgie des herbes qui m'entourent ? Je l'ignore, mais avec elle je deviens un héros, un chevalier vêtu d'or et de lumière partant à la conquête des étoiles, de toutes les étoiles que compte le ciel. Mes histoires rêvées sont épiques, grandioses, inoubliables.

Et chaque nuit je poursuis mes aventures interrompues à l'aube. Le rêve reprend chaque soir son cours exactement là où il s'était achevé le matin. Parfois il m'arrive de m'endormir au grand jour dans les herbes folles, et je rejoins aussitôt ma fiancée onirique. Je sais qu'elle m'attend, toujours fidèle au rendez-vous.

Pendant longtemps j'ignorais qui était cette créature devenue l'amante de mes rêves, l'hôte de mes songes, la présence impalpable de mes nuits. Maintenant je sais. Je connais le nom de cette charmante sorcière qui vient me rendre visite dans mes songes pour les mieux troubler de sa chère présence. Je connais cette reine de l'illusion qui m'a emmené si loin, je connais cet être qui est le baume à mes misères.

Ca n'est pas une femme comme je le pensais. C'est un galant, un joli, un doux messager de la nuit.

Son nom est Morphée.

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